Objectifs de l'école thématique du CNRS EXEGESE-ZADA Objectifs scientifiques de l'école. La quantification territorialisée de la perception des enjeux environnementaux par les citoyens, les acteurs et décideurs locaux représente un enjeu scientifique majeur pour la gestion des milieux et des territoires. Mais cela constitue une démarche scientifique difficile à mettre en œuvre sur de vastes territoires. Les enquêtes semi-directives classiques de perceptions sociales des risques et des enjeux environnementaux - qui constituent une approche qualitative - permettent difficilement d’appréhender les entités géographiques sur de vastes superficies ce qui rend peu aisé leur croisement direct à l'aide de la géomatique et des outils de modélisation. Or, les données biophysiques issues de la télédétection satellitaire, ou à très haute résolution spatiale (photos aériennes ou vols de drones à longue portée au-delà de la ligne de vue), nécessitent de plus en plus souvent d'être confrontées à une perception sociale et/ou anthropologique spatialisée. Dans ce contexte, nous proposons une méthode quantitative appelée Zonage À Dires d'Acteurs (ZADA) (Perception-based regional mapping - PBRM), utilisant une cartographie dont la couverture spatiale est soigneusement sélectionnée selon des critères territoriaux. Elle permet d'interroger les zones connues et pratiquées par les acteurs autour d'une problématique environnementale et/ou de développement local. Les acteurs vont ensuite partitionner la zone pratiquée selon leurs propres critères pour qualifier les zones géographiques selon des niveaux de qualité. La mise en place d'un ZADA nécessite entre 1 et 3 enquêteurs de terrain. Ce travail peut prendre entre 1 et 3 mois pour collecter un nombre minimum de cartes supérieur à 30, assurer leur représentativité et extraire les catégories d'enjeux les plus significatives. Le nombre optimal de cartes est d'une centaine d'entretiens par unité territoriale. A la suite de la mise en SIG des données (c’est-à-dire une vectorisation des entités géographiques), il s’agira ensuite de fusionner les enjeux (c’est-à-dire les différentes catégories renseignées par les interviewés qui seront présentes dans la table attributaire sous SIG) selon des critères de parentés/similitudes. Cette procédure pourra être à l’origine d’un traitement des données semi-automatisée qui fera l’objet d’un point de discussion et perspectives abordé dans cette école thématique.
Aperçu bibliographique : 1. Arnstein, S.R. A Ladder of Citizen Participation. J. Am. Plan. Assoc. 1969, 35, 216–224. 2. Caron, P. Zonage à dires d’acteurs: Des représentations spatiales pour comprendre, formaliser et décider. Le cas de Juazeiro, au Brésil. In Représentations Spatiales et Développement Territorial; Lardon, S., Maurel, P., Piveteau, V., Eds.; Hermes: Paris, France, 2001; pp. 343–357. 3. Bailly, A.S. Subjective Distances and Spatial Representations. Geoforum 1986, 17, 81–88. https://doi.org/10.1016/0016-7185(86)90013-8. 4. Touré, I.; Bah, A.; D’Aquino, P.; Dia, I. Savoirs experts et savoirs locaux pour la co-élaboration d’outils cartographiques d’aide à la décision. Cah. Agric. 2004, 13, 546–553. 5. Lavigne-Delville, P. Regards Sur Les Enquêtes et Diagnostics Participatifs: La Situation d’enquête Comme Interface; Etude/Document de Travail GRET; Paris, France, 2001. 6. Bommel, P. Définition d’un cadre Méthodologique pour la Conception de Modèles Multi-Agents Adaptés à la Gestion des Ressoureces Renouvelables. Ph.D. Thesis, Université Montpellier II-Sciences et Techniques du Languedoc, Montpellier, France, 2009. 7. Saqalli, M.; Caron, P.; Defourny, P.; Issaka, A. The PBRM (Perception-Based Regional Mapping): A Spatial Method to Support Regional Development Initiatives. Appl. Geogr. 2009, 29, 358–370. https://doi.org/10.1016/j.apgeog.2008.11.003. 8. Saqalli, M.; Maestripieri, N.; Jourdren, M.; Saenz, M.; Maire, E. Spatialiser un risque environnemental via les perceptions locales: Une démarche, trois terrains (Equateur, Tunisie, Laos). In Pathologies Environnementales—Identifier, Comprendre, Agir; CNRS Editions.77; Gaille, M., Ed.; CNRS: Paris, France, 2018. 9. Saqalli, M.; Cifuentes, C.R.; Maire, E.; Alves, M.J.d.S.; Santo, R.C.; Kaced, D.; Gaudou, B.; Fiamor, A.-E. Resource Flows, Uses and Populations Territorial Attachments: The Case of the OyapockWatershed (French Guiana, Amapá State of Brazil). Land 2023, 12, 991. https://doi.org/10.3390/land12050991
Objectifs de formation: Les méthodes d’enquêtes sociales des perceptions ne sont que rarement directement spatialisées avec précision. Une école thématique est vraiment le meilleur outil pour la mise en œuvre de méthode d’enquête spatialisé. La mise en atelier permet aux participants de réellement comprendre comment se passe le déroulé de l’interview et comment on doit la conduire mené sur le terrain. En effet, si l’enquête est non directive (ce sont les enquêtés qui décident de l’enjeu/thème à spatialiser) le cadrage géographique et méthodologique est assez stricte pour que les données puisses être représentatives et exploitables dans un SIG. Les enquêteurs et enquêtrices doivent avoir en tête ce cadre méthodologique précis. Cela requière au moins une ou deux expériences sur le terrain ou au cours d’un déroulé d’un atelier dédié. A l’issu de la formation, les personnes seront capables de déployer cette méthodologie d’enquête spatialisé sur le terrain et de l’adapter à leur problématique scientifique
Public concerné: - Prioritairement : chercheur(e)s en géographie, aménagement, sciences sociales, doctorants. Les personnels du CNRS peuvent bénéficier du support financier de la formation permanente du CNRS. - Secondairement : acteurs de la recherche autour des thématique de la transition écologique et/ou énergétique, anthropologie Prérequis: connaissances minimales de la pratique des enquêtes sociales de terrain. Une compétence SIG sur QGIS n'est pas indispensable mais appréciée
CONSÉQUENCES ATTENDUES - Pour les chercheurs en sciences sociales, il s’agit d’acquérir une méthode d’évaluation des perceptions sociales qui est « plus quantitative » que les entretiens semi-directifs classiques et/ou les entretiens directif dont les résultats sont difficilement spatialisables. De plus, la méthode est non directive ce qui de plus correspond à un intérêt pour ré-enrichir l’implication directe des acteurs et des citoyens nécessaire au processus d’adaptation des populations d’un territoire face aux grandes menaces et les changements globaux qui pèsent sur l’environnement (risques, ressources, biodiversité, changements climatiques, etc.) et aussi à certaines volontés d’aménagement qui peuvent concerner les zones protégées et le ré-ensauvagement de certaines aires géographiques. - Pour l’anthropologue, il s’agit d’aller peut-être au-delà de l’observation participante classique (et éventuellement d’autres) qui peut durer plusieurs années. Le biais principal de la méthode ZADA est qu’elle fournit une « photographie quasi anthropologique » qui correspond alors à une période récente (typiquement les derniers 6 mois). Des projets de recherche récents ont fait montre de l’intérêt de la co-construction des objets de recherche avec des groupes de populations. Cette méthode non directive prend réellement en compte les enjeux majeurs décrits par les acteurs concernés. Cela permet aussi à l’anthropologue de réaliser un premier diagnostic territorial sur des zones vierges ou peu explorées. On a également des résultats sur la dimension mémorielle qui est retranscrite dans le ZADA. - Pour le géographe, c’est une manière de pouvoir corréler directement les données humaines avec les données biophysiques via les systèmes d’information géographique (SIG). Ces données peuvent être également être introduites dans un modèle multi-agents. En outre le ZADA permet d’ouvrir vers la prospective et la planification environnementale et territoriales à savoir comme perception spatialisée des risques socio-écologiques futurs. - Pour les chercheurs en sciences dites exactes, il peut s’agir de fournir un cadre territoriale de la réalisation d'un diagnostic environnemental couplé à une volonté de répondre aux gestionnaire locaux chargés de la mise en œuvre des politiques publiques et de connaitre l’acceptabilité sociale d’un aménagement. A cet égard les résultats du ZADA peuvent être un outil de compréhension du territoire et de concertation.
GRANDS AXES DU PROGRAMME Il s’agit de comprendre les enjeux scientifiques de cette enquête non directive et son adaptation à différentes problématiques. Cette méthodologie est utilisable par des équipes de recherche de disciplines différentes. En ce sens, elle est réellement transdisciplinaire. Les grands axes du programme sont : Approche théorique du ZADA et pertinence. Portage des données dans un Système d’information Géographique et/ou un système multi-agents. Quelles voies suivre pour une automatisation et/ou optimisation du traitement des données ? Exemples de plusieurs ZADA. Collecte de données sur le terrain et création d’un ZADA par les stagiaires si les conditions de faisabilités techniques sont réunies.
MODALITÉS PÉDAGOGIQUES Jour 1 : Exposés, retours d’expériences des différents intervenants et cours magistraux. Jour 2 : Travail par petits groupes. TD : Mise en SIG des ZADA sur poste de travail avec QGIS avec un jeu de données existantes. Exposé du travail de terrain du lendemain. Jour 3 : Interviews sur le terrain et rencontre avec les acteurs locaux. Ateliers. Jour 4 : Numérisation des ZADA. Fusion et traitement des données su QGIS. Réalisation de cartes d’enjeux. Jour 5. Atelier et exposés et conclusions. Evaluation de la formation. (Pour plus de détails se référer au programme prévisionel de l'Ecole.)
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